Do ré mi fa sol ♪ •• Charles ♥

Dès que tu t'étais levée, un peu plus tard que d'habitude, tu avais eu comme un très mauvais pressentiment. Cela t'arrivait assez rarement, mais là, tu le sentais bien. Bien qu'il y aurait quelque chose qui changerait de la normal. Et pas en bien, clairement pas. Tu pouvais te tromper, c'est sûr. Mais cela ne t'arrivait tellement pas que tu ne pouvais passer à côté, passer outre une sensation frustrante et énervante. Tu te dis tout de même que stresser autant pourrait te déclencher des contractions, et tu n'avais absolument pas besoin de ça. Donc tu soufflais, calmement, avant d'aller travailler. Autant t'occuper l'esprit d'une manière ou d'une autre. Et remplir des dossiers était, pour toi, l'une des occupations les plus prenantes au niveau de la concentration.


Tu t'étais installée à ton bureau, sans même réfléchir, tu avais pris une assez grande pile de dossiers en face de toi, ayant pour optique de les remplir, sans pauses. Mais à vrai dire, très rapidement, tu avais compris d'où venait ton mauvais pressentiment. Ton téléphone s'était mis à sonner. Bizarre. Étant donné que le numéro, et bien, tu ne le reconnaissais pas. Tu aurais très bien pu croire que cela aurait pu être Jean, Charles ou d'autres personnes. Mais non. Dans le doute, tu avais décroché. Et juste cette voix. Cette voix que tu n'avais pas pu écouter, entendre depuis bien des années. C'était la voix de ta mère. Sachant pertinemment que tu ne la reconnaîtrais pas tout de suite. Tu étais tellement choquée que tu ne savais pas si tu l'avais reconnu inconsciemment, ou juste que ton cerveau la reconnaissais juste parce qu'elle s'était présentée. Ceci te perturbait autant que le fait que tu ne sais absolument pas comment elle a pu te retrouver. Parce que tu t'étais cachée durant de très nombreuses années sous un autre nom, puis après, t'étant mariée à Jean, tu as hérité de son nom de famille, soit.


Tu ne préfères pas chercher, ni même demander. Tu allais juste écouter ce qu'elle avait à te dire. Et comme tu avais pu le prévoir, ton père étant bien mort. C'est triste, mais cela ne te faisait vraisemblablement rien du tout. Ta mère te demandait de tes nouvelles, sans raison. Comme si elle avait totalement oublié le fait qu'elle t'avais abandonné sans remord. Alors tu n'as absolument rien dit, sur ta grossesse et sur ton mariage. Absolument rien.


Puis elle avait raccroché.
Voulait-elle t'annoncer quelque chose de bien plus concret ?
Sûrement.
Mais elle ne t'a rien dit de tel.


Tu restais quelques minutes, silencieuse. Fixant ton écran qui s'était éteint vu le nombre de minutes dans lesquels tu étais restée complètement inactive. Tu n'arrivais pas vraiment à t'en remettre. Cet appel inattendu ne te rassurait pas. Car cela voulait dire qu'elle savait que tu étais toujours vivante. Savait-elle ta situation actuelle ? Tu n'espères pas. Cependant, tu savais une chose. Tu avais clairement besoin de te vider l'esprit. Et ce, en allant voir l'unique personne dans l'Ordre qui serait capable de te réchauffer le cœur. C'est donc un peu hésitante, que tu allais en direction de son bureau. 


Sauf que sur le chemin, tu avais très bien entendu une mélodie. Quelqu'un jouait d'un instrument, entre-autre. Et ce dans l'espèce de pièce à vivre. Souvent vide car les autres préfèrent être dans leurs bureaux et appartements. Soit, cela se comprends. Sauf que tu n'avais jamais entendu de piano, auparavant. Et cela t'intriguait. Tu n'as pas le moral à la conversation et aux échanges vocaux, mais tu peux juste jeter un coup d’œil. Sauf qu'en ouvrant la porte, à ta grande surprise, tu avais vu Charles. C'était lui qui jouait du piano. Il ne t'en avait jamais parlé avant. Intéressant. Doucement, tu t'étais approchée de lui, le regardant, avec un léger sourire sur les lèvres.


« Je... Ne savais pas que tu jouais du piano... Papa. »